La Vie à Bord

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La vie à Bord

Pendant un mois et demi, le Glénan reste en mer. A bord, un seul but: pêcher. La paye de chacun en dépend: en plus du salaire fixe de 3 000 F, on ajoute une prime qui dépend du tonnage de poisson rapporté. Vie monotone ? Peut-être, mais prenante aussi. Chacun se sent directement responsable de la bonne marche du bateau, toujours prêt à la manoeuvre. Dès le point du jour, les hommes sont aux jumelles, ils ne les quittent qu'à la nuit. La charge qui pèse sur les épaules de Youenn est redoutablement lourde. C'est lui qui prend le risque d'aller chercher le poisson dans telle direction plutôt que dans telle autre. C'est lui qui décide de larguer le filet, et chaque coup nul est un échec. « C'est un métier de patience », dit-il, dans un sourire.

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Tout cela, les hommes d'équipage le savent. Quand l'un des moteurs auxiliaires a donné des signes de faiblesse, José, Bernard et Didier, ceux de la machine, n'ont pas hésité à passer toute la nuit dessus, pour le démonter et le réparer. Du moment que l'homme du nid de pie signale du poisson, tout le monde quitte ses occupations. On peut être en train de savourer un poulet-frites... dès que l'alarme est donnée, plus personne autour des assiettes ! Un jour, à la suite d'une fausse maneuvre, le fil est passé dans l'hélice. Une sacrée déchirure. Entre Youn et le bosco, ça a crié ferme. C'était la première fois. Trois quarts d'heure plus tard, ils étaient au coude à coude à raccommoder le filet... lls blaguaient. La réparation a duré jusqu'à une heure du matin. Presque tous les hommes sont de la région de Concarneau. Certains naviguent ensemble depuis 10 ans. L'ambiance est excellente.

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Une famille à 4 000 km

Bien qu'absents du bord, les femmes, les enfants et la famille sont étonnamment présents dans toutes les pensées. Le long de sa couchette, Raymond a collé une photo de sa maison, de sa femme et de leurs deux enfants. Il raconte: « Quand j'ai commencé le thon en Afrique, nous restions sept mois absents, c'était fou. En rentrant chez moi, les enfants m'appelaient « monsieur ». Maintenant, nous faisons trois mois ici, un mois et demi à terre. Nous faisons 4 000 km en avion pour aller au travail, nous avons de belles maisons, mais nous n'y sommes pas souvent. La séparation à l'aéroport quand les enfants pleurent, c'est un sale quart d'heure à passer. C'est notre vie. »

Après six semaines de mer

Au bout de six semaines, le Glénan se retrouve à quai dans le port d'Abidjan. Certains hommes de l'équipage vont partir en congé, s'envoler vers leur famille, leur Bretagne. Sans eux, mais avec d'autres qui reviennent de congé, le Glénan va reprendre la mer. Rendez-vous pour les uns et les autres dans six semaines à Abidjan. Le bateau, lui, ne prend jamais de repos. Il retourne seulement tous les trois ou quatre ans à Concarneau, son port d'attache, pour les gros travaux d'entretien.